Dans le Grand livre blanc repose désormais
la Charte poétique du Trésor poétique d'Aubervilliers
Charte
du
Grand dépôt
d’Aubervilliers
Premier
trésor poétique municipal mondial
[issu
de la délibération poétique votée le 20 octobre 2011
lors
du Conseil municipal extraordinaire sur le rêve]
Le
15 septembre 2012,
[Préambule]
«
Un acte d’utilité poétique »
« Faire
d’Aubervilliers
un exemple, un
pôle d’attraction poétique majeur où la littérature du monde
entier et dans toutes ses langues pavoisera les rues, les
institutions, les appartements, les vitrines des commerçants, faire
des habitants de cette ville des porteurs de langues, leur rendre une
fierté poétique car la plupart des communautés linguistiques
portent leurs propres poètes dans l’intimité et jamais
au-dehors.»
Extrait
note d'intention - La Folle tentative d'Aubervilliers [2009 – 2012]
Olivier
Comte pour les Souffleurs commandos poétiques.
Les
Souffleurs commandos poétiques sont convaincus que l’intimité
poétique des Albertivillariens représente un trésor duquel il est
possible de partir pour rêver et agir sur la ville.
La
Folle tentative d'Aubervilliers [2009 – 2012], laboratoire de
recherche de solutions poétiques pour le monde, a été mis en place
en partenariat avec la Ville d'Aubervilliers et le Conseil Général
de la Seine-Saint-Denis.
Il
a donné vie aux « moments impossibles », initiés par
les Souffleurs avec les habitants d'Aubervilliers. Un de ces
« moments impossibles » a eu lieu le 20 octobre 2011 : un
Conseil municipal extraordinaire, présidé par Stéphane Hessel, en
présence de M. le Maire Jacques Salvator, de Jack Ralite, de
Jean-Pierre Thibaudat, des conseillers municipaux et de près de
trois cents citoyens, avec pour ordre du jour
la phrase communément attribuée à Shakespeare : "Ils ont
échoué parce qu'ils n'avaient pas commencé par le rêve".
Lors
de ce Conseil municipal extraordinaire, quatre délibérations
poétiques ont été votées, la
première de ces délibérations
a été la création du Grand dépôt
d'Aubervilliers – Premier trésor poétique municipal mondial.
Suite
au vote de ce projet, le fonds documentaire voit désormais le jour.
Ce fonds est destiné à être alimenté par les paroles poétiques
dormantes des communautés linguistiques d'Aubervilliers.
La
présente charte introduit le Grand dépôt d'Aubervilliers,
et se charge de transmettre à la postérité les fondements de ce
trésor, et les conditions de son existence.
Du
sable, un tamis, de l’or : replanter l’or dans le sable
Créer
les fondations
Puis
se retirer
Regarder
éclore
Arroser
de temps en temps
1.
[Orientations]
*
Créer un trésor poétique au sein du fonds des archives de la
ville, alimenté par les paroles poétiques dormantes issues des
communautés linguistiques albertivillariennes.
*
Mettre en place un processus de versement durable de la parole
poétique dormante des habitants d'Aubervilliers au sein du Grand
dépôt,
conservée de façon perpétuelle au service des archives
municipales.
Créer
une coutume albertivillarienne de la cueillette et du don.
*
Récolter
et transmettre à la postérité la mémoire poétique de la ville.
*
Instituer
le Grand
dépôt
comme un patrimoine immatériel commun et partagé par les
Albertivillariens.
*
Favoriser et valoriser la prise de parole des communautés
linguistiques peu présentes dans la sphère publique.
*
Injecter et mettre en valeur la parole poétique dormante des
communautés linguistiques dans l'espace public.
2.
[Mise au
dépôt]
L'intention
est de mettre en place petit à petit une coutume albertivillarienne
de la cueillette [recueil de paroles poétiques dormantes] qui
permettrait que le fonds soit continuellement alimenté par la
société civile. Faire en sorte que donateurs et cueilleurs
coexistent et contribuent à pérenniser l’acte de versement dans
le trésor.
Chaque
albertivillarien peut se considérer comme étant un cueilleur et un
donateur potentiel. Les personnes non albertivillariennes désirant
se joindre à cet acte d’utilité poétique sont bien entendu les
bienvenues, d’où qu’elles viennent.
Les
paroles poétiques dormantes recueillies et les dons volontaires
seront mis au dépôt au sein du service des archives de la ville de
manière ritualisée.
Lors
de l’apport de nouveaux trésors poétiques au Grand dépôt
d'Aubervilliers, la salle de lecture du service des archives
municipales se transformera, à date anniversaire, en un petit
cabinet d’écriture permettant à un calligraphe d’inscrire dans
le Grand livre les paroles poétiques dormantes.
3.
[Recueil des paroles poétiques dormantes]
Toute
parole considérée comme poétique par celui qui l'émet est
poétique.
Les
cueilleurs pourront initier les premiers recueils de paroles avec
« les berceuses », « ce que l'on chante aux
enfants » depuis des générations, tendre abord de l'intimité
et élément partagé par toutes les communautés.
Un
dépôt complet au fonds des archives sera constitué :
-
du texte original (enregistrement sonore dans le cas de traditions
orales ou d'analphabétisme)
-
de sa traduction en langue française
-
du verbatim (récit du contexte de la rencontre avec l'auteur de la
parole poétique)
-
des données administratives nécessaires au service des archives de
la ville
Le
recueil des paroles poétiques dormantes ne contiendra pas d'écriture
phonétique afin de simplifier le processus de la mise au dépôt.
Les
modalités de mise au dépôt des paroles recueillies restent à
préciser ultérieurement.
4.
[Dons volontaires]
Les
dons volontaires pourront être réalisés à partir du double
informatique du Grand
dépôt d'Aubervilliers.
Ce double informatique sera mis en ligne sur le site de la ville
d'Aubervilliers.
Ce
double informatique sert à déposer, et non à consulter. La
consultation est une affaire personnelle de temps que l’on se donne
à soi-même.
Les
dons volontaires pourront aussi être directement réalisés auprès
du service des archives de la ville et des Souffleurs commandos
poétiques. Pour ce faire, un formulaire de don devra être rempli
par le dépositaire.
Le
format de ces dons a été fixé à 1600 caractères. Ce format
pourra évoluer au fil des années.
La
multiplication des dons volontaires ira de pair avec la
multiplication des relais sur la ville.
Les
dons volontaires seront mis au dépôt au sein du Grand dépôt
d'Aubervilliers de manière ritualisée, à date anniversaire
(voir § 2. [Mise au dépôt]).
5.
[Constitution
de l'ouvrage]
A
la manière des registres paroissiaux et d'état civil, les écritures
se feront en continu.
Un
trait séparera chaque parole poétique dormante recueillie.
Les
écritures se dérouleront de manière chronologique.
Les
paroles poétiques sont systématiquement écrites en langue
originale, traduites en langue française.
La
langue originale, si elle n'est pas issue d'une tradition orale, et
dans la mesure du possible, sera écrite dans le recueil.
Les
paroles en langue française ou traduites en français apparaîtront
sur la page de droite.
Les
paroles en langue originale apparaîtront sur la page de gauche.
La
taille du texte en langue originale s'adaptera à la taille de la
traduction française.
Dans
le cas où la langue originale est le français, et en cas de
tradition orale ou d'analphabétisme, la partie de gauche sera
laissée vierge. Dans les deux derniers cas (tradition
orale),
un enregistrement sonore sera référencé et pourra être écouté
au sein du service des archives.
Les
deux pages de l'ouvrage contiendront des marges.
La
marge gauche référencera : la langue / la date / l'heure / le lieu
où la parole poétique a été recueillie / l'auteur / le diseur
(qui peut rester anonyme et prendre un pseudo s’il le désire).
La
marge droite référencera : le mode de recueil (don volontaire ou
cueillette) / la référence du verbatim / la référence de
l'enregistrement.
Le
verbatim sera archivé au sein d'un autre recueil spécifique,
nommé annexe ethno-poétique.
6.
[Consultation]
Le
temps de l’enquête
« La
culture, c’est de la durée. »
Le
temps de l’enquête doit être important.
« Retrouver
ses racines ou les traces d'un passé dans un service d’archives
correspond à une démarche lente et laborieuse par laquelle la
personne peut s’anoblir, en ce sens qu’elle permet, de manière
attestée, la connaissance ou la reconnaissance d’une origine,
d’une filiation ou d’une histoire anonymes ou oubliées »
selon David Desbans, archiviste de la ville d’Aubervilliers,
citation mars 2012.
La
démarche doit être semblable pour le Grand
dépôt d'Aubervilliers,
vers un voyage à travers les racines du monde, à Aubervilliers.
Il
s’agit de prendre le temps d’être en consultation.
L’ubiquité
informatique est en relation directe avec la vitesse de notre monde.
Il s’agit de trouver un moyen de sortir de cette trajectoire.
L’outil de recherche informatique, qui dans un premier temps nous
paraissait souhaitable, ne permet finalement pas la démarche
d’enquête ni
celle plus poétique de découverte.
L’objet
recueillant le Grand
dépôt d’Aubervilliers
est,
initialement,
un grand livre blanc.
Petit
cabinet de lecture
La
consultation du Grand
dépôt d'Aubervilliers
sera ritualisée.
Un
petit cabinet de lecture sera constitué pour chaque consultation.
Le
rituel du petit cabinet consiste à associer le livre du Grand
dépôt d'Aubervilliers que l’on vient lire ou consulter dans
le calme des archives avec un parapluie traditionnel de berger
(grande envergure de toile) qui permettra ainsi de pouvoir lire en
toute intimité.
On
ne peut lire le Grand dépôt d'Aubervilliers sans son
parapluie, « sa voie lactée personnelle».
Des
gants blancs seront fournis.
Le
Grand
dépôt d'Aubervilliers
prendra vie lorsque la première parole poétique dormante aura été
déposée.
Il
cesserait d'exister si ses sources venaient à se tarir.
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