Ecrire superficiel


Ecrire :  boxer le concept jusqu’à ce qu’il disparaisse des surfaces.

Je pense du geste 

Superficie : mesure de la surface.
Ecrire superficiel. Ecrire une tentative de ralentissement du monde. Décider, écrire (boxer quelque chose) que ce concept de ralentissement engendre de la superficie. C'est-à-dire de l’espace et du temps. Donner de la superficie au temps. Modeler un territoire physique du temps pour matérialiser ce qui a fui, disparu des mémoires des hommes. Postuler que la création physique d’un territoire du temps est essentiel à l’acte de la transmission. Doter la pensée de jambes véloces pour arpenter l’espace des transmissions. Mettre la langue. La  langue ne sert pas à parler, elle sert à penser. Faire un geste.

Je n’écris pas du spectacle

Espace : étendue qui ne fait pas obstacle au mouvement.
Ecrire pour agir dans l'espace sans que celui-ci soit déformé, "évènementialisé". L'espace public, comme champ d'action superficielle, non comme champ de représentation et d'applaudissement. Le "spectacle" repousse ce qui pré-existe à la périphérie, il détruit l'ordre existant en imposant territorialement sa vitalité.  Stratégie du coucou - espace public devenant un temps l'espace privé de la représentation - ou furtivité de l’hirondelle, modification légère des indices dans un espace non dédié, mouvementé, peuplé de gens qui vont et non de spectateurs qui viennent ? Une affaire de concept. Sors ta boxe ! Tire ta langue !

Dans espace public il y a déjà le mot public

Public : qui concerne le peuple dans son ensemble.
Quand j'écris pour l’espace public, je pense l’étendue ne faisant pas obstacle au mouvement du peuple puis je boxe mes concepts en tirant la langue. Une pensée superficielle.
Alors nos visages, nos regards, les mots, et que chacun, dans son mouvement, emporte sa tempête. La démesure est intérieure. Créer l'émotion, c'est organiser les conditions du naufrage. En modifiant légèrement les indices du monde.

Olivier Comte, mai 2010