29/09/2011

Appel de la poésie

"Un œil s'était ouvert soudain dans l'angoisse des hommes,
ils marchaient dans la boue et le vent
d'aucuns naviguaient sur la mer et d'autres labouraient le sable
plus près tout à coup dans leur sang ce fleuve d'un monde ancien".

Benjamin Fondane 
poète roumain né en 1898, assassiné le 2 ou 3 octobre 1944 à Auschwitz en Pologne.



Aujourd'hui 29 septembre le Tambour s'est réuni au hangar. La mise en voix était au programme avec des exercices proposés par Rabah Mehdaoui.
Christophe Bonzom a assuré le fil rouge de la séance, apporté des paroles et de la matière vive, et posé les prochaines échéances avec les rédacteurs. Le premier bulletin des annonces poétiques de la ville est, si l'on peut dire, "dans les tuyaux" !


Cueillette à Cochennec

Rêves prononcés dans la cité Cochennec jeudi 29 septembre 2011, de 16h à 19h

Un grand parc, plus de jeux.
 
Quelqu’un qui nous raconte des histoires chaque jour.
 
Plus de piscines. Plus de boutiques de vêtements, de chaussures.

Les bâtiments repeints avec des couleurs vives, à l’intérieur et à l’extérieur.

Un meilleur stade comme un vrai stade de foot comme ceux de Paris. Avec de l’herbe, avec des cages.

Avant, c’était un village, comme dans le sud, on sortait nos chaises avec les voisins, maintenant c’est hors de question, conflits, insultes, tout a changé depuis la barre du 112. La population n’est plus la même, les enfants ne respectent rien.

La ville sera silence. On ne dérange pas les autres, pas trop de bruit dans le parc, on ne crie pas en parlant à nos parents.

Plus propre car c’est sale, il y a des rats. Un ascenseur. Je veux changer d’appartement car on est loin des commerces, des transports. On est obligés d’aller jusqu’à la Courneuve. Ça fait 25 ans que je suis à Aubervilliers. La sécurité, on a besoin de ça.

Une piscine proche d’ici. Des feux d’artifice chaque fin de mois. De la sécurité. Que la ville soit un peu animée. Il y a peu d’éclairage ici. Un gymnase proche d’ici. Un beau parc avec des jeux. Un parc de jeux pour avoir des cadeaux. Avoir un microscope ici pour voir des étoiles, des choses un peu lointaines. 

Avant, c’était le rêve, on était tous de la même famille.

28/09/2011

Cueillette à Paul Bert

Rêves entendus à l'angle des rues Barbusse et de Prêsles, mercredi 28 septembre 2011 de 16h à 19h

Je suis seule avec deux enfants et mon rêve est qu’ils aient une bonne situation plus tard. Mon rêve à moi, j’ai pas pu le réaliser, c’était de chanter.

Mon rêve serait qu’il y ait des personnes plus ouvertes, qu’il y ait plus de boulot. J’aimerais avoir une grande maison pour avoir ma chambre. J’aimerais voyager, faire le tour du monde. J’aimerais retourner au Maroc, en Turquie. 

Je rêve d’un peu d’animation, des pièces de théâtre, de la musique. Je rêve d’un peu de gaîté, d’amabilité. Maintenant, il y a de l’indifférence. Tout le monde est dans sa bulle. 

Je veux des grands immeubles, un monde sans Jean Moulin… Sans le collège Jean Moulin où les gens sont méchants. Des coûts réduits. On travaillerait chaque matin à 7h jusqu’à midi. Non, le lundi après-midi on travaille, on se repose le vendredi samedi et dimanche.

Un avion qui vient vous chercher pour aller à l’école. Réparer mon interphone. De nouveaux bonbons à la boulangerie. Dix bonbons par jour gratuits. Des passages souterrains pour aller à l’école. Des balançoires.

Il faudrait fermer la rue du docteur Pesqué une fois par mois par exemple le dimanche pour mettre des tables et faire un grand banquet. Tout le monde pourrait se retrouver. Qu’est-ce qu’il y a ailleurs et pas ici par exemple ?... Une ville à discuter, où parler de plein de choses, de théâtre… Ceux qui sont dans leur coin restent dans leur coin. Mais la ville évolue dans le bon sens. Le maire qui se balade à vélo ça donne envie de faire du vélo dans la ville. C’est un maire qui aurait envie de faire quelque chose. Une suggestion : il y a des jeunes entre 5,6,7 ans qui sont pas surveillés. Il faudrait mettre un sportif à dispo dans chaque quartier. Un vrai sportif pour faire faire du basket, du foot, du roller, au Pont Blanc, à Alfred Jarry, à Lénine. La mairie communiste c’était la culture mais si les jeunes veulent du sport il faut les écouter. Eduquer, rassembler, occuper, mettre des gens fiables dans les quartiers car ce sont des postes clés pour l’avenir d’Aubervilliers.

26/09/2011

Cueillette à Vallès

Rêves chinés devant le centre social Berty Albrecht, lundi 26 septembre 2011 de 17h à 19h30

J’ai aucune idée. Aujourd’hui, ce qu’il faudrait, c’est tout changer. En fin de compte, c’est comme si on était dans un TGV qui va trop vite. La solution je l’ai pas. Ceux qui sont au pouvoir ne sont pas crédibles. Les autres non plus. Il faut voter pour qui? On se fait voler en démocratie comme en dictature. La seule différence c’est qu’on nous a pas demandé notre avis en dictature. Les gens sont sur le basique aujourd’hui. On peut se permettre d’avoir le rêve quand on a de quoi vivre. Les gens galèrent, n’y arrivent plus. Un homme dans ces conditions ne se donne pas l’occasion de rêver. Je sais pas où est la solution. On est dans une fracture. Quand les gens ne pourront plus manger, ce sera la catastrophe.

J'aspire à une bonne association de quartier qui peut créer une vie de quartier dans le quotidien. Par exemple, une salle polyvalente avec initiation à l’Internet, des rencontres interculturelles pour un partage, pour profiter des différences ethniques, plus d’humanité, de convivialité, prévoir une sécurité sans uniforme mais des personnes capables d’anticiper par la parole.

Un terrain de quad, de cross, une piscine en bas de chez moi.

Plus d'argent, moins de soucis. De partir bientôt, je suis dégoûtée du quartier. D'acheter une maison, d'être libre.

Je rêve de motos, de filles, de voyages gratuits, Miami, Hollywood et inviter tout le quartier, que tout le monde soit en bonne entente, la police et les jeunes, le fait d’avoir des trucs gratuits ça aide. Pourquoi on peut pas utiliser les vélib ? Et des locaux pour les jeunes où on peut être à dix ou quinze.
 
J’aimerais que tout soit bien. Je ne trouve pas les mots. Je ne parle pas bien.
 
Moi je ne fais pas de rêves à cause du shit.

25/09/2011

Cueillette au Centre-ville

Extraits de rêves, glanés sur la place de la Mairie, dimanche 25 septembre 2011 de 10h à 14h

Je voudrais qu'il y ait la mer à Aubervilliers.
 
Qu'on embellisse plus Aubervilliers, j'aime beaucoup Aubervilliers.
 
Encore plus de fleurs dans la ville et surtout moins d'étrangers.
 
Que le peuple reprenne le pouvoir, qu'il soit au centre des décisions, une vraie démocratie.
 
Si on pouvait se poser, flâner, prendre le temps de réfléchir, il manque des espaces calmes, que l'espace public redevienne vrai, qu’il y ait des espaces de rêve commun. Mon rêve serait d'avoir du temps, plus de temps pour rêver. 

Retrouver la maison en bois de mon enfance avec les poules, les canards, les oies, l'âne mais il n'y en avait pas. Ce qui m'aide à vivre c'est tout ce que j'ai connu avec le vent, la neige, j'étais tellement heureux que je n'arrivais pas à aller dormir.

Arriver à vivre comme tout le monde, avoir une situation régulière, des droits pour mes enfants, pouvoir revoir ma famille au Maroc, je ne veux pas travailler au noir, je suis dans le bâtiment, et il y a trop de risques.

50 ans à Auber, pour moi la ville a dépéri. Mon rêve ce serait de pouvoir me faire un bon sandwich au pâté comme avant, que toute l'équipe politique change, qu'il y ait moins d'immigrés, mon rêve quand je travaillais, c'était d'offrir plus de mon temps pour mon entreprise.

Mon rêve serait de rentrer chez moi au Cap Vert pour aider ma famille, pour retrouver mes racines.

24/09/2011

Cueillette au Landy

Extrait des rêves cueillis devant le centre ROSER samedi 24 septembre 201, de 15h à 18h

Mon rêve serait d'aller à Karukera via Tizi Ouzou via Mobeko en passant par Aubervilliers en mouvement en vélo, via la Hollande, via la belle Lilloise.

En Tunisie, ma femme là-bas, Italie permis de travail, en France maçon, je travaille dans le bâtiment, je suis arrivé en France à l'âge de 18 ans, mon amour de femme est à Tunis, j'ai eu mon permis de séjour en Italie mais je n'aime pas l'Italie. Le papier qui servait en Italie ne servait à rien en France. je veux juste avoir un permis de séjour et de travail quelque temps puis repartir en Tunisie.

Il y a trente-trois ans la ville était conviviale, on n’est pas écoutés quand on cause.

Il aimerait réhabiliter une ancienne pharmacie, impossible d'avoir le contact, en faire par exemple un salon de coiffure, il y a juste un épicier arabe, on se sent délaissés, il n'y a pas d'agent pour faire traverser devant l'école. On dit d'ailleurs « on va à Aubervilliers » quand on est au Landy.

Pas assez d'activités pour les enfants, en fait vous êtes la voix des quartiers, il faut faire une grande réunion solidaire.

23/09/2011

Cueillette à la Maladrerie

Extrait de la cueillette de rêves, sur le parvis des écoles Paul Langevin et Joliot Curie, vendredi 23 septembre 2011 de 15h à 18h

Un appartement, de l'eau, pas de sable sur les trottoirs, personne y va, on rêve d'avoir des choses concrètes pour nos jeunes, une vraie structure dans chaque cité, la Maladrerie, il n'y a rien en été et moins de choses pour les filles que pour les garçons, je voudrais aller dans le Sud, avoir de la couleur, une association pour les filles, dans le centre des 10-13 ans il n'y a que des garçons, avoir un parti politique qui ne ment pas, une école renommée qui fait bien dans le CV.

C'est plus à mon âge qu'on peut rêver, j'ai travaillé 34 ans et ça n'a pas changé, la ville est endettée et on est endettés…

Je rêve d'un pavillon avec piscine, en fait il y a tout à changer, trop d'insécurité.

Les bâtiments sont moches, je voudrais être acteur ou footballeur, Emir c'est pas mon nom, c'est un pseudo.

Une maison à moi, il faudrait repeindre les maisons, les immeubles, je suis espagnole, tous les ans à Malaga ils repeignent les façades, avant à Aubervilliers, il y avait des activités pas chères pour les enfants.

Refaire l'école et le toboggan, il est nul le toboggan.

Un crocodile pour se défendre et qu'il mange tout le monde, une maison avec plein de couleurs sauf du rose.

22/09/2011

22, le tambour !

Dernier appel du Parisien ce matin pour rejoindre le Tambour :
Le comité de rédaction s'est constitué aujourd'hui 22 septembre 2011. Une dizaine d'Albertivillariennes et d'Albertivillariens sont réunis dans cette aventure pour créer le premier bulletin des annonces poétiques de la ville. C'étaient les premiers tours de table, jusqu'à la nuit noire dans notre jardin... affaire à suivre!


Cueillette aux Quatre-chemins


Extraits des rêves recueillis au métro des Quatre-chemins jeudi 22 septembre 2011, de 17h à 20h

Je n'ai jamais eu de rêve parce que j'ai toujours vécu dans la pauvreté, je suis sorti de prison il y a trois jours.


Je souhaite que la police nous laisse tranquilles, toute la journée contrôle, contrôle, contrôle, on nous laisse pas vendre du maïs. On s'est sauvés de la police de Ben Ali, on se retrouve avec celle de Sarkozy.
 

La paix entre tout le monde, entre les peuples, rien qui vaut ça, aider les familles en difficulté, on dit toujours que je suis rêveuse. Il faut beaucoup de solidarité entre les gens.
 

Inculquer le bon coté de la France, la façon de vivre, se rencontrer, aller au théâtre ensemble, s'inviter à manger ensemble, pour ça, il ne faut pas avoir peur.
 

Faire attention aux gens, donner du temps d'accueil aux immigrés, j'ai une carte de résident, je peux pas voter, plus de travail, moins de vol, moins de vente de cigarettes, faire un bureau des projets, un lieu pour faciliter la vie des sdf, comme de pouvoir se brosser les dents.

15/09/2011

Cueillettes des rêves pour la Ville

On monte un petit échafaudage de toile blanche comme une page blanche. On invite les gens à entrer, s’assoir et parler de ce qu’Aubervilliers pourrait faire pour eux dans leurs rêves les plus fous. On note silencieusement, scrupuleusement, consciencieusement. On démonte puis on remonte ailleurs, plusieurs fois par jour, plusieurs jours par semaine. Silencieusement, scrupuleusement, consciencieusement.

Puis nous poserons notre regard sur cette cueillette et nous dégagerons et rédigerons de la moisson une ou plusieurs propositions poétiques rêvées pour la ville et pour soi même dans la ville. Et nous essayerons de les faire voter par le Conseil Municipal Extraordinaire. C’est simple, non ?

Olivier Comte, les Souffleurs commandos poétiques

01/09/2011

Traits urbains

Le Tambour Urbain d'Aubervilliers s'est invité dans le mensuel opérationnel des acteurs du développement et du renouvellement urbains.